Comment pouvais-je vraiment attendre dans cette nuit d’enfer l’arrivée d’un avion ? Et voilà qu’au bout d’une heure j’entendis le bruit d’un moteur tourner autour du terrain. Je me ruai hors de ma cabane, je hurlai : « Forcez les feux ! » Mais on avait beau les arroser d’essence, moi-même, à trente mètres je ne les voyais pas. « Il ne trouvera pas, il ne peut pas trouver », me disais-je. Il va se casser la « figure ». Comme je répétais cela, Mermoz atterrit impeccablement dans le triangle des feux. Il avait l’air de sortir d’une rivière. Il riait, « le courrier, vite ! » cria-t-il. Et il décolla dans le noir, dans le déluge.
« Mermoz » (1938), Joseph Kessel, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2007 (ISBN 978-2-07-036232-5), p. 251
Thomas passa la main sur son front. Dix années s’étaient écoulées depuis cette veille terrifiée, depuis cette apparition d’Apocalypse. Pourtant, sa voix eut un frémissement presque superstitieux lorsqu’il ajouta, parlant du cavalier ruisselant de la nuit :
– Je ne comprends pas, je n’arrive pas à comprendre.
Buste récent, taille naturelle, d’un grand aventurier.
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