Je relis mes derniers articles et je constate que j’ai oublié d’expliquer ce qui s’est passé pour que les sculptures se cassent en morceaux, même si on peut le deviner. Mais avant d’en parler, il y a un sujet qui me vient à l’esprit à propos de tout cela : l’accident dans l’art. Et je souhaite en parler parce que la réaction de mes élèves devant leurs oeuvres détruites a été exemplaire : elles ont intégré dans leurs oeuvres la destruction, tout en gardant l’intention qu’elles avaient au départ. Elles ont réussi des sculptures encore plus intéressantes. C’est un ingrédient essentiel en art, l’accident. Il s’agit de cet espace qui se crée entre notre maîtrise sur la matière et les forces extérieures qui dominent le monde « réel ». Un accident arrive par définition quand on ne contrôle pas complètement une situation. Dans l’art cela permet à la matière de s’exprimer « librement ». On peut retrouver à cet instant-là une logique qui échappe à notre raison.
Ce n’est pas pour justifier mon manque de prévision. J’aurais pu supposer que la semaine de mon absence il y aurait une vague de froid exceptionnelle. Même si la planète se réchauffe, il faut s’attendre à des températures plus basses que d’habitude par moments. La prochaine année je serai attentif à ce danger. L’explication est simple : le froid constant pendant des jours, avec des températures négatives, crée de la glace dans l’argile, provoquant des fissures à cause de l’expansion de l’eau dans cet état. C’est ce qui explique le délitement des oeuvres devant nos yeux : la température venait d’augmenter l’après-midi et la glace fondait, laissant l’argile disloquée et molle.
Donc ce n’est pas pour justifier quoi que ce soit, mais pour parler de mon admiration devant l’attitude créatrice de mes élèves. Toutes les sculptures ont pris une nouvelle dimension et nous avons pu alors fêter avec des crêpes et des gâteaux, avec quelques gouttes de Cognac.
Les photos illustrent le retour à notre campagne, loin du brouhaha urbain de Paris. Nos promenades reprennent sur cette terre ondulée face aux Pyrénées.
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