Plus de 400 millions d’années, nous dit le site de la carrière de pierre de Tavel, c’est l’âge de ce marbre si beau. Un corps de femme se libère. Elle sort de la pierre où elle était emprisonnée. Elle a dû attendre tout ce temps pour qu’un jour un sculpteur enlève les couches de pierre qui la recouvraient.
J’ai déjà parlé de cette idée de la forme qui se trouve à l’intérieur d’une pierre, idée exprimée par Michel Ange, parmi d’autres, qui ont eu la même sensation : on enlève petit à petit des morceaux à la meuleuse, d’abord, puis au marteau piqueur et aux ciseaux à la fin, et tout à coup, on ressent une sensation d’arriver à la surface « réelle » d’une forme qui se trouve à l’intérieur. Je parle souvent de cet instant parce qu’il est très frappant (c’est le cas de le dire) : on a le sentiment précis de ne plus pouvoir frapper sans blesser le corps qui se trouve là. Il faut le dégager en faisant très attention de ne plus dépasser le niveau de sa peau.
Quand j’avais lu des phrases similaires sur ce moment-là, j’avais cru qu’il s’agissait d’une métaphore pour donner une aura de magie à l’activité du sculpteur, la sensation existe bel et bien. Il ne s’agit pas d’une simple image cérébrale ; il y a vraiment une création antérieure à l’intérieur de la matière. Antérieure parce que notre esprit la fabrique avant nos mains. Nos mains libèrent ce que l’esprit à déjà créé. C’est peut-être de là que cette sensation d’un être caché dans la pierre est née.
Laisser un commentaire