La Vénus de Martres

Il est toujours difficile de se détacher d’une œuvre qu’on considère faire partie de celles qu’on a le mieux réussies. Parmi les centaines de sculptures réalisées, il y a certaines qui accumulent une recherche de dizaines d’années. Parfois une œuvre est une expérience unique ou le produit d’un chemin qui ne va pas aboutir, ou le résultat d’une étape seulement. Parfois elle accumule plusieurs directions de recherche. La Vénus de Martres, mon interprétation de la vraie Vénus de Martres plutôt, me semble résumer toute une recherche autour de l’expression d’un visage. Même si elle est née à partir d’une autre sculpture, je sens avoir pu développer toute mon expérience comme « observateur des humains » (y compris moi-même, bien sûr) d’un côté, et de l’autre, ma perception de la perception d’un autre artiste. Je sens avoir réussi à m’approprier la perception de l’artiste qui a capté la beauté de la femme qui allait un jour être appelée « Vénus de Martres ». J’ai adapté sa perception à la mienne. La beauté de ce visage serait donc le mélange de deux perceptions. Une beauté à deux niveaux.

J’ai pris au sérieux l’idée de Sylvian Meschia de faire des bustes gallo-romains comme si j’étais dans la peau du sculpteur de l’époque, en sachant que ma propre expérience et ma conception de la beauté allaient s’y incruster. La Vénus « moderne » a perdu ce qui m’a semblé un brin masculin dans les traits de l’antique.

Malgré le manque de communication autour de mon travail dans cette exposition, j’ai eu des retours intéressants. Depuis le début j’ai appris que cette sculpture était susceptible de vivre sa propre vie : hier j’ai accepté de la laisser partir. Elle appartiendra à partir de 2017 à de nouvelles mains aussi créatrices que les miennes. Et j’en suis ravi.

2 réponses

  1. Avatar de HOSTE EVLINE
    HOSTE EVLINE

    Bonsoir Gerard—je lis tes « articles » et je découvre une immense profondeur de sentiments, de savoir, de recherches—–—c’est extraordinaire ! j’apprends encore et toujours ! merçi pour tout ça ,a toi et Juliette ,tres sincerement ! je n’arrive pas a rentrer mon adresse mais c’est pas grave , je vais y parvenir quand je m’y attendrais pas !

    Je serais absente encore demain ,etant a la disposition de l’infirmiere, entre 9 et 12h et pas du tout regulier—-si elle vient assez tot ,je ferais un saut—-ma jambe fait des caprices mais il semblerait qu’il y a un soupçon de mieux—hier mauvaise journée ,mais c’est bien mieux aujourd’hui—-je t’embrasse bien fort à Juliette aussi et caresse a Isis–evelyne

    _____

  2. Avatar de Juliette Marne
    Juliette Marne

    La Vénus de Martres est une réplique romaine de l’Aphrodite de Cnide, sculpture grecque réalisée par Praxitèle.

    « Selon la tradition antique, le sculpteur Praxitèle prend pour modèle sa maîtresse, la célèbre courtisane Phryné, après qu’elle s’est baignée nue dans la mer (…). Praxitèle réalise en fait deux statues d’Aphrodite, l’une vêtue et l’autre déshabillée. Les citoyens de Cos achètent la première, jugée « pudique et sévère » tandis que ceux de Cnide acquièrent la seconde qui, placée dans un temple qui, grâce à une seconde porte, permet de l’observer de face comme de dos, devient beaucoup plus célèbre que l’autre dès l’Antiquité. Plusieurs anecdotes fameuses racontent comment Cnide refuse ensuite une offre d’achat pourtant très généreuse et comment un jeune homme, tombé amoureux de la statue, tente de s’y unir après s’être caché dans le sanctuaire. Plusieurs épigrammes de l’Anthologie grecque brodent sur le même thème :
    « Cypris voyant Cypris à Cnide, s’écria
    Hélas, hélas ! Où Praxitèle m’a-t-il vue nue ! » »

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Aphrodite_de_Cnide

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