Une amie m’a raconté la sensation étrange et inconfortable qu’elle a ressentie quand elle s’est trouvée entourée de joueurs de rugby. Elle était la seule femme. Au milieu d’un groupe d’hommes qui faisaient chacun le triple de son poids, elle a perçu la finesse et la délicatesse de son corps comme une fragilité physique, comme une vulnérabilité.
Mercredi de la semaine dernière, nous sommes arrivés avec un léger retard à l’exposition Portraits de femmes pour la paix, à la médiathèque de Muret, juste au moment où Mme Rosenberg, présidente de l’association Mouvement pour la paix 31, parlait de mes sculptures avec générosité. On m’a fait passer devant la scène et je me suis retrouvé « Du côté des femmes », le nom de l’association de Muret qui se bat contre les violences faites aux femmes et pour l’égalité des sexes.
Et contrairement à ce qu’on pourrait croire à partir de ce que je viens de décrire dans une situation diamétralement opposée, je me suis senti très bien. Ma position en tant qu’artiste a toujours été à côté des femmes : je pense qu’il faut se battre plus que jamais pour une égalité des droits. L’homme et la femme font partie d’un seul ensemble. L’harmonie entre les deux sexes se trouve actuellement en danger. Notre époque est en train d’exacerber les conflits entre les communautés artificiellement créées par les médias américains, à tel point qu’on commence à considérer les deux sexes comme des communautés !
Je ne me dirais pas féministe, plutôt humaniste. La femme et l’homme ne sont pas identiques, mais ils constituent l’humain à parts égales. Complémentarité, égalité des droits, interdépendance… les deux composantes de l’être humain.
J’ai réalisé le portrait de Florence Aubenas pour rendre hommage à cette journaliste de grande intelligence, au courage impressionnant, et celui de Suzanne Arundhati Roy pour présenter au public français le visage d’une femme au sourire doux et aux yeux mélancoliques, qui se bat avec énergie pour l’écologie, l’altermondialisme et pour les droits humains.
Je présente en même temps une sculpture en bois, Femme sans racines, à côté du poème de Juliette Marne inspiré par cette oeuvre. Une femme sculptée à la tronçonneuse, le bois blessé montrant la beauté de ses anneaux parfaits, ces cercles qui enregistrent le passage du temps, les yeux fermés, montrant sa vulnérabilité en même temps que sa force. Elle est debout, présente, suspendue, témoignant de sa puissance et de sa beauté interne.
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