Quoi de mieux pour ne pas stresser sur les résultats de cette journée d’élections que de se mettre à sculpter le marbre ? Le soleil brille sur un ciel bleu sans un seul nuage, ce qui donne envie de croire à un bon présage : demain la France continue à se battre pour des valeurs universelles, en laissant de côté la tentation du repli, de l’égoïsme, de la peur. On verra. Je continue à frapper le marbre. Trouver une forme à l’intérieur de cette pierre qui doit avoir un âge de quelques millénaires me fait relativiser la situation mondiale. En dévoilant le coeur de cette pierre je respire une poussière qui flottait peut-être à l’époque des dinosaures, ou avant. C’est une façon de parler, car j’évite de la respirer avec mon masque pro… 🙂
Le stresse me pousse à écrire des textes sans queue ni tête.
En quelques mots : toucher ce marbre millénaire me tranquillise par rapport à notre court destin en tant que citoyens d’un pays beau et libre au futur prometteur, mais qui a peur. Ce soir la poétesse et moi allons dépouiller les votes de notre ville. Du vrai masochisme. Ou source de joie ? Encore le stress.
Mes outils, de la marque Auriou, sont extraordinaires : ils cassent la pierre en gardant leur bord tranchant intact. Impressionnant. Le savoir-faire d’une entreprise française bien apprécié à l’étranger. La technologie moderne mise au service d’une activité exercée depuis l’âge de pierre, depuis plus de deux millions d’années.
Tout cela pour éviter de penser aux élections.
Je travaille un autre matériau ces jours-ci, à l’opposé du marbre : la cire. Pour la travailler, la difficulté est de trouver la bonne température. Froide, elle est trop dure. Trop chaude, elle n’arrête pas de couler sans s’attacher à la masse. Tiède, on peut la malaxer, mais elle ne s’intègre pas facilement à d’autres morceaux.
Peut-être c’est symbolique de ce moment: entre la dureté du marbre (du concret, de la clarté, de la netteté, des lignes droites…) et la malléabilité de la cire (de la fluidité, de la douceur, du parfum, un symbole écolo), malléabilité sous la chaleur en temps de réchauffement planétaire (inexistant pour Trump), le juste milieu se trouve dans l’argile… n’importe quoi. C’est le stress.
Je me remets à frapper le marbre.
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