L’imagination dans la création

L’imagination est-elle vraiment la source de la création artistique ? Combien de fois on entend dire que tel artiste a une imagination formidable ou : « moi, je ne pourrais pas réaliser ce tableau, je n’ai pas d’imagination ».

Le dictionnaire Larousse nous donne une définition de l’imagination : « Faculté de l’esprit d’évoquer, sous forme d’images mentales, des objets ou des faits connus par une perception, une expérience antérieure ».

C’est un lieu commun que de croire que les artistes ont une imagination privilégiée. L’imagination est pourtant un processus simple : il suffit de fabriquer une image dans la tête et c’est tout. Tout le monde peut le faire.

On peut décortiquer la définition pour mieux comprendre le rôle de l’imagination dans la création artistique. Le secret est là : pour évoquer sous forme d’images mentales quelque chose, il faut passer par la perception ou par une expérience antérieure. Les artistes passent leur temps à développer leur perception, à vivre des expériences pour avoir un matériau de travail. Et c’est là que la différence se fait entre ceux qui s’y consacrent et les autres.

La fabrication des images est donc simple. Mais celle d’un artiste, s’il a appris à bien percevoir, à bien regarder, à bien « connaître » disons une main, ou un visage ou un paysage, à bien le sentir, à bien le découvrir dans ses moindres détails, sera bien plus complexe que celle de quelqu’un qui doit le synthétiser pour ne pas perdre de temps sur quelque chose qui ne lui sert pas à grand-chose. Si un artiste dessine une main, il saura (en principe) mettre l’accent sur les détails qu’il considère essentiels pour s’approcher du Beau. Si un informaticien dessine une main, il mettra l’accent sur la souris…

Bref, c’est dans la perception que se joue la différence. Apprendre à percevoir la complexité du monde va souvent à l’encontre de l’efficacité. On a la tendance à simplifier en concepts concis ce que nous percevons pour ne pas perdre de temps à cerner chaque objet : imaginez que pour imaginer une « table » on soit obligé de refaire tout le processus de perception : la planche en bois qui a quatre pieds de telle hauteur avec une surface lisse, de telle couleur, etc. On préfère dire « table »…

L’artiste, lui il préfère regarder l’objet et le dessiner dans son unicité, avec la tasse de café dessus et la fumée de sa cigarette sous la lumière du soleil du matin. Et si on lui demande si ce qu’il a dessiné est une table, il dira : non, pas une table, c’est ma table.

2 réponses

  1. Avatar de Imbert Janine
    Imbert Janine

    Je suis particulièrement heureuse de pouvoir de nouveau voir vos œuvres, depuis le buste de Léa, ma petite fille décédée, j’admire votre travail !! Bravo !

  2. Bonjour Gérard,

    Je suis d’accord avec vous. L’imagination passe par la perception.
    En Anglais et en écriture, nous appelons ça “ the peeled eye”, les yeux grands ouverts. Un des premiers exercices que l’on apprend , c’est se promener autour de chez soi et dans la nature et noter tout ce que l’on voit d’abord, puis les sons, les odeurs et les goûts, si on s’arrête pour prendre un croissant, un café ou manger un fruit sur un banc. En décrivant exactement la réalité puis les émotions ou réflexions qui s’en suivent.
    Ca peut déboucher sur un poème, une nouvelle ou le commencement d’un roman.
    Les voyages suscitent encore plus d’énergie à l’imaginaire, puisqu’il apporte d’autres dimensions: la curiosité, la découverte et l’émerveillement.

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