Poème de Juliette Marne
Novembre 2016
« Suspendue telle une damnée
À un fil non électrique
La statue de bois lardée
De tes coups ésotériques
Ô grand homme qui dépèces
Un grand tronc qui pèse une tonne
La tronçonneuse façonne
La prisonnière frissonne
Tu voudrais lui donner vie
À ce bout de bois coupé
Tentatives détachées
Perspectives au poing levé
Mais la femme qu’il y a dedans
Refuse de se laisser faire
Elle se resserre par-devant
Tu la découpes par-derrière
Dans le vide enchaînée
Elle oscille en sablier
Tu la saisis, elle est née
Grande aiguille du temps déliée
Sur le tronc sec et vivant
Deux seins hyperréalistes
C’est la Belle au Bois Levant
Aux cernes comptés comme supplice
Le marbre brun de ses pointes
Enjoint de les caresser
Et plus bas les jambes jointes
Le V d’un oiseau blessé
Cette fille Fayoum charmée
Au corps duveteux se donne
Mais la tête aux yeux fermés
Sous le capuchon fredonne
Prise en un songe égyptien
Un sarcophage de bois peint
Elle écoule un verbe ancien
Sa chair tranchée vaut du pain
La sculpture est achevée
Une tendinite te lance
Son secret est conservé
Dans l’aubier d’un orme de France »
Juliette Marne
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