L’encre, point commun entre le texte et l’image. Houellebecq (2)

« Mon dernier article, autour du buste d’Houellebecq, me mène à reprendre un texte que j’ai écrit au moment de la publication du livre d’Agathe Novak-Lechevalier, en librairie depuis 2018, Houellebecq, l’art de la consolation, dont la couverture est un dessin que j’ai réalisé de l’écrivain.  Etant donné que la pandémie n’existait pas à l’époque, je trouve signifiant le fait que je fais allusion à la banalité ambiante d’une façon qui aujourd’hui me semble désuète. Heureusement.

L’encre coule sur le papier de façon capricieuse. Je reprends mes vieilles habitudes de peintre pour comprendre le comportement de ce liquide teinté et pour mieux le maîtriser. Il faut se laisser surprendre par l’accident provoqué, et quelque part, dirigé. Un œil de Michel Houellebecq observe le spectateur, l’autre se focalise sur un monde lointain, obscur, étrange. Le visage a l’air sincère et compatissant, presque amical.

Agathe Novak-Lechevalier connaît bien l’écrivain et son œuvre. Elle décrit celle-ci dans un livre précis, analytique, fluide et riche.

À sa demande, j’ai proposé à Stock plusieurs dessins. L’éditrice Alice d’Andigné a choisi celui de l’asymétrie dans le regard de l’écrivain. La maquettiste l’a intégré dans une couverture claire et dépouillée, où le rouge presque orange du titre évite une sobriété austère en lui donnant une touche moderne.

Ce livre nous permet de mieux comprendre l’énorme succès de l’écrivain, si mal perçu dans certains milieux intellectuels. Agathe Novak-Lechevalier défait une à une les idées reçues sur son œuvre. Le poète est mis en avant. Un homme qui croit en la poésie ne peut pas être le pessimiste absolu que les médias nous présentent. Le monde va mal, c’est vrai. La banalité envahit tout. Mais les humains restent sensibles à la beauté. Cela peut les sauver. Houellebecq console le monde en ouvrant une voie à la poésie, à travers ses romans.

« Il est vrai que ce monde où nous respirons mal
N’inspire plus en nous qu’un dégoût manifeste.
Une envie de s’enfuir sans demander son reste,
Et nous ne lisons plus les titres du journal. »

La Poursuite du bonheur, Michel Houellebecq

Une réponse

  1. […] Dans le buste que j’ai réalisé de Michel Houellebecq, on peut découvrir la force du visage sincère d’un homme qui qui a pris sur lui la décadence de notre société. Il l’a intégrée dans sa propre chair. Je ne me vante pas d’avoir créé un buste avec une certaine personnalité. C’est Houellebecq qui a « sculpté » ce visage, pas moi. Et il est magnifique. Je ne suis qu’un interprète. J’essaie d’attraper la beauté là où elle se trouve déjà. J’insiste souvent sur l’importance du travail du modèle. Si son visage dégage une force particulière, c’est non seulement l’œuvre de la nature, mais aussi celle de la personne qui a accumulé des expériences marquantes (c’est le cas de le dire). Les traces de leur vécu sont visibles. J’en parlerai souvent. Pour lire un deuxième article sur Houellebecq, à propos de la couverture du livre d’Agathe N… […]

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