Liberté d’expression, encore une fois

Salman Rushdie est un symbole, mais il est surtout un grand écrivain. Il y a des années, j’avais réalisé ce buste pour m’approprier en quelque sorte de son expression à la fois distante et amicale, celle de quelqu’un qui observe le monde avec détachement, peut-être à cause des barrières imposées par les circonstances, tout en essayant de rester optimiste, presque souriant. Pourtant son monde physique s’était réduit à une espèce de clandestinité depuis qu’un personnage religieux extrémiste avait utilisé la littérature comme prétexte pour défier l’Occident. L’affaire avait attiré l’attention du monde entier. Nous découvrions à peine l’islamisme radical qui de temps en temps montre son visage monstrueux dans les attentats lâches et absurdes qui caractérisent le terrorisme. Nous avions oublié le danger que cet écrivain encourait tous les jours. 

Hier, trente-trois ans plus tard, il a été poignardé ; la liberté d’expression acquise dans nos sociétés démocratiques a été de nouveau attaquée. Les fanatiques n’aiment pas l’art, ce domaine de tous les possibles qui permet aux humains d’avancer en créant une zone à part, un terrain de jeu, la fiction. Le fanatisme, né de l’ignorance, a peur de cette zone de l’esprit. Leur seule arme, semer la terreur en s’attaquant au corps, à la matière qui permet l’existence de l’esprit.

L’argile redonne corps à ce symbole de liberté. Je vais l’utiliser comme base pour une nouvelle sculpture, en marbre cette fois. (Note du 7 septembre, un an plus tard : C’est fait, je publie la photo du buste en marbre, plus grand que la taille naturelle, en marbre noir d’Aubert).

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

4 + 3 =